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L’ex meilleur groupe du monde PIXIES est de retour pour des concerts, et avec des nouvelles chansons. Entretien de rentrée c'est ici !

Publié le par chrisdups.over-blog.com

Une bonne et une mauvaise nouvelle : les Pixies sont de retour pour deux concerts à l’Olympia ces jours-ci, mais c’est complet. Une bonne et une mauvaise nouvelle : les Pixies ont enregistré et sorti de nouvelles chansons (les premières depuis plus de 20 ans), mais Kim Deal a quitté le groupe. Une bonne et une mauvaise nouvelle : de son côté, Kim Deal a sorti la très belle chanson Are You Mine ?, mais c’est en hommage à sa mère atteinte d’Alzheimer. Une mauvaise et une bonne nouvelle : je me suis trompé de jour pour l’interview des Pixies par téléphone, mais ils ont répondu quand même.

Frank black : on a fait une tournée de reformation pendant un an, puis deux, puis trois, quatre et cinq… Ça va faire dix ans maintenant ! Un groupe qui tient sur son répertoire, ses anciennes chansons, ça ne me gêne pas sur le principe. Mais ça ne me satisfait pas complètement non plus. C’est mieux d’avoir de nouveaux morceaux. Il y a cinq ans, on a commencé à parler d’enregistrer de nouvelles chansons. Le processus a pris du temps, il fallait que tout le monde se mette d’accord sur les modalités : le moment, le choix du producteur, l’écriture des chansons… Il y a deux ans, on s’est retrouvés à Boston en studio de répétition pour faire des nouveaux morceaux. Et ce n’était pas très bon. Avant cela, il y a quatre ans, j’étais à Los Angeles, je composais des chansons dans un studio. Je suis allé voir Joey Santiago dans son studio. David Lowering était là aussi. On a travaillé ensemble, c’était une étape de ce retour à l’enregistrement, même si on ne l’a dit à personne. Des tas de choses se passent en dehors de l’exposition médiatique. Une partie de ce qu’on vit et fait est privé.

Pour le nouveau disque, vous retrouvez Gil Norton et Vaughn Oliver, le producteur et le graphiste historiques des Pixies.
Oui, ce n’était pas indispensable, mais c’était important. Vaughn Oliver a façonné l’image des Pixies. Nous, on fait de la musique, on touche le cerveau des gens en passant par leurs oreilles. Mais pour l’aspect visuel, qui est important, c’est Vaughn Oliver qui a fait le boulot, et un très bon boulot. Comme on n’avait rien sorti depuis très longtemps, c’était important de retrouver l’identité visuelle de groupe. Même chose avec Gil Norton. C’est le producteur avec qui nous avons le plus travaillé, et celui que nous aimons le plus. Il nous comprend, on lui fait confiance. Pour beaucoup de fans, il est associé étroitement à la musique des Pixies.
Joey Santiago : Retravailler avec Gil, ça nous a facilité les choses parce qu’on le connaît, on était en confiance. En même temps, il nous a poussés hors des clous, il m’a permis d’explorer des sons, de travailler la guitare comme si je faisais la bande-originale des textes. C’est ce que je faisais après la séparation des Pixies, des musiques pour la télé et le cinéma.

Gil Norton a produit les Pixies à partir de Doolittle. Qu’a-t-il apporté au son du groupe ?
Au tout début de notre carrière, on avait une énorme énergie et un tout petit son. Puis avec Steve Albini (qui a produit les deux premier disques,Come On Pilgrim et Surfer Rosa), on a gardé l’énergie, mais avec un son plus gros, plus puissant, plus agressif. Mais c’était encore assez décousu. Avec Gil Norton, on a gardé l’énergie, la puissance, mais il a réussi à faire émerger de la douceur, le côté pop, les mélodies. On est passés à un troisième niveau avec lui.

Vous auriez pu faire ces nouvelles chansons avec Steve Albini, qui avait réalisé les deux premiers disques des Pixies ?
Frank Blac
k : Je ne crois pas… Je ne pas si ça l’aurait intéressé.
Joey Santiago : Pour le coup on aurait vraiment marché dans nos pas. Mais c’est Gil qui nous a compris le mieux, la musique et nos personnalités. Gil nous connaît mieux que Steve, parce qu’on a plus travaillé avec lui.

Vous vous êtes retrouvés en studio après vingt ans sans avoir fait d’album. Etait-ce comme un voyage dans le temps ?
Non, on s’est retrouvés comme avant. On n’a pas du tout eu l’impression que vingt ans avaient passé. Peut-être cinq, mais pas vingt. En studio avec Gil, c’est comme si le temps n’avait pas passé. Parce que c’est le même groupe, les mêmes personnalités avec le même producteur.

Que s’est –il passé avec Kim Deal ? Elle vous annoncé son départ au début de la session d’enregistrement, c’est ça ?
Oui, l’idée générale, c’est ça. Il faudrait lui poser la question. Sa décision de quitter le groupe et ses raisons, c’est une histoire privée. Je ne sais pas exactement pourquoi elle est partie, elle ne me l’a pas dit et je ne peux pas parler pour elle. Elle était dans le groupe, elle nous a dit qu’elle ne voulait pas continuer, qu’elle devait partir. Elle n’a absolument pas dit « arrêtez le projet d’enregistrement, arrêtez les Pixies ». Ça s’est passé comme ça. Elle a tenu le temps qu’elle a pu, puis elle a décidé d’arrêter. Ça n’a pas été une catastrophe.
Joey Santiago : ce qui s’est passé, c’est qu’elle avait d’autres projets, la tournée des Breeders était planifiée. Elle savait qu’on prévoyait une tournée des Pixies, et elle ne pouvait pas faire les deux. La tournée des Breeders, pour les 20 ans de Last Splash, ça a sans doute été plus gratifiant pour elle que les Pixies. C’est ce qui compte : qu’elle soit heureuse. Si quitter les Pixies signifie qu’elle est plus heureuse, elle a notre bénédiction, et la porte reste ouverte.

Son départ a-t-il mis le projet de nouveau disque en danger ?
Sans doute que oui, dans le sens où on s’est demandé comment on allait continuer les nouvelles chansons sans elle. Bon, on fait quoi maintenant ? On suit la musique, ou les lois du show-business ? Quelle est la définition du groupe ? C’est quoi les Pixies ? C’était les mêmes personnes depuis le début ? Est-ce que ça pouvait changer, ou pas ? Bien sûr, on a discuté de tout ça. Honnêtement, je ne sais pas si son départ a mis les Pixies en péril. Je ne suis pas certain. Peut-être que le projet aurait été plus en danger si elle était restée.

Elle vous a manqué pendant l’enregistrement ? Notamment sa voix, très importante dans la musique du groupe ?
Je ne te le dirai pas. Ce qui s’est passé dans le studio est privé, je ne dirai pas ce qui s’est passé exactement. Parler de ça n’est pas dans notre politique éditoriale. Elle n’est pas sur les nouvelles chansons, ça je peux le dire.
Joey Santiago : Oui, elle a énormément manqué pour les chœurs. Kim est une très bonne bassiste, mais elle a surtout une voix unique, on voulait tous l’entendre chanter sur ces morceaux.

Pour la scène, vous avez remplacé Kim Deal par Kim Shattuck. Quitte à rester dans les Kim, vous auriez pu embaucher Kim Gordon, qui n’est plus dans Sonic Youth.
Frank Black : la vérité, c’est qu’on y pensé. Je respecte énormément Kim Gordon. Mais elle est dans son propre truc, sa place n’est pas dans les Pixies. Alors que Kim Shattuck, qu’on connaissait bien, qu’on aime et avec qui on avait joué il y a quatre ans, avait sa place dans les Pixies.

Cinq nouveaux morceaux sont sortis. Vous en avez enregistré combien ?
Frank Black : Beaucoup plus que cinq ! Ça a été une grosse session d’enregistrement.
Joey Santiago : on a enregistré une vingtaine de chansons, et on prévoit d’en sortir douze. On a la chance d’être un de ces groupes avec une fan-base importante. Ce dont on a besoin, c’est d’une bonne promo, pas d’un label, parce que la fan-base est déjà là. Internet, le format digital, c’est parfait pour nous. On a un million et demi de « like » sur la page facebook du groupe.

C’est pas mal, mais c’est moins que le bijoutier de Nice. Et donc, avez-vous quand même commencé par chercher un label ?
Frank bl
ack : Le format album s’est cassé la gueule. La nouvelle façon d’écouter de la musique, c’est l’archive digitale, la bibliothèque digitale. Des tonnes de musique sur internet, qu’il faut aller dénicher. Il y a des gens qui marchent dans ce système, d’autres non. Sans tomber dans le narcissisme, je sais que les Pixies sont un nom qui pèse. Je n’ai rien contre les labels, mais on n’en a plus vraiment besoin aujourd’hui, il y a d’autres options. La priorité pour un musicien, ce n’est plus d’avoir un contrat avec une maison de disques. C’est de faire des concerts et d’aller en studio pour enregistrer. L’objet disque n’est plus au centre, mais la musique reste au centre. Ce qui compte, c’est la musique qu’on propose. Il n’y a rien d’autre. C’est ce que je pense, et ce que pensent les autres Pixies. Si je suis attaché à l’objet disque ? Bien sûr, je suis né en 1965, j’ai grandi avec le Sergeant Pepper des Beatles, ça me touche, c’est affectif. Il faut préserver les albums, comme quelque chose de spécial.
Joey Santiago : En ce moment, je réécoute des vieux trucs, parce que je suis retombé amoureux du vinyle.

C’est plus simple et sain aujourd’hui de diffuser sa musique ?
Oui, mais uniquement parce qu’on a toute cette histoire en amont, et qu’il y a eu cette tournée de reformation qui a bien marché. Et internet. Mais pour le public en général, le défi est toujours le même. Si internet n’existait pas, est-ce que ça serait quand même plus facile des sortir des chansons aujourd’hui avec des labels ? Oui, parce que j’ai tout ce travail derrière, cette réputation. Prends mes albums solos, ils n’ont pas eu énormément de succès, mais c’est un signe pour une partie de mon public : il est vivant, il fait encore de la musique, parfois il se plante, mais au moins il essaye. Tout ça c’est du travail, qui peut déboucher sur de belles choses. Rien n’est assuré. L’ambition pour un musicien comme moi, ce n’est pas de faire le Zénith de Paris. C’est génial si je peux le faire, ça veut dire que plein de gens s’intéressent à moi. Mais ce n’est pas le but. Le but, c’est de tourner dans les clubs, les théâtres, devant des publics plus petits, mais suffisamment importants pour que je n’aie pas à travailler pour gagner ma vie, pour que je puisse vivre uniquement de la musique. Le but, ce n’est pas de devenir une superstar. Si ça arrive, génial, je prends. Mais je ne prends pas mes décisions en fonction de cet objectif. Je ne fais pas les chansons pour faire de l’argent, mais pour les chansons. Si j’ai une chanson très bizarre, c’est parce que ça lui va bien. Je ne réfléchis jamais en termes de potentiel commercial. C’est la composition, les arrangements, qui décident pour la chanson. Pendant les étapes de la composition et de l’enregistrement, il n’y a pas de considération commerciale. Après bien sûr, je suis prêt à faire des itvs pour parler de ce que je fais, et vendre un peu plus de disques.

Si tu étais millionnaire, tu jouerais encore ?
Je viens de la classe ouvrière, je travaille. Je ne me vois pas retraité, jouant au golf toute la journée. Je peins, j’apprends à devenir peintre. Je suis investi dans quelques projets de films, j’ai des idées, j’aime ça. Mais la musique c’est mon travail, et c’est moi. Et puis j’ai cinq enfants à nourrir.

Avec le recul, pouvez-vous me dire pourquoi les Pixies se sont séparés il y a vingt ans ?
Frank Black : Parce que j’étais fatigué. On n’était pas heureux. Il y avait trop de stress, des problèmes de drogue, d’alcool, beaucoup de choses négatives dans l’air… Il fallait que je sorte de là.
Joey Santiago : c’était la décision de Charles. Il savait qu’il serait plus heureux seul qu’avec les Pixies. C’est pareil que pour Kim aujourd’hui : Charles est parti à l’époque pour être plus heureux. Moi, ça ne m’a pas rendu heureux. J’avais des sentiments mitigés. J’étais très triste, et en même temps soulagé, parce que je sentais l’insécurité à chaque fin de tournée. Et puis dans ce groupe, je ne contrôlais pas mon avenir. Libéré du groupe, ça m’a rendu le contrôle sur ma vie. On s’est séparés au moment de l’explosion grunge. Je ne sais pas quel album on aurait fait si on avait continué. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne ressemblait pas à un groupe grunge ! Mais je ne pense pas qu’on ait raté le coche. On a explosé en plein vol, on ne s’est pas arrêté dans un état comateux. Et c’est important, parce qu’on a laissé des bons souvenirs. La reformation n’aurait sans doute pas été aussi bien accueillie si on s’était séparés sur un disque merdique.

Quel est votre plus beau souvenir dans l’histoire des Pixies ?
Frank Bl
ack : Je dirais l’année 88, quand on est passé des petits clubs de 500 personnes à ceux de 2000. On jouait dans des purs clubs de rock. C’est allé très vite, le public était à fond, l’air était enfumé, humide, les concerts étaient explosifs. Plein de choses arrivaient en même temps. Le groupe devenait très vite populaire, le public était très excité par la nouveauté qu’on représentait. C’était chaud et fort, les gens devenaient fous. C’est un moment très particulier. Quand je vois des photos de l’époque, je me souviens précisément du concert. Ça a duré environ un an, l’atmosphère était magique. Pas en interne, mais dans la relation avec le public. Tout le monde savait que c’était un moment spécial, qui ne durerait pas toujours. Il fallait en profiter à fond, c’est ce qu’on a fait.
Joey Santiago : pour mon meilleur souvenir, je dirais le tout début du groupe, avant les disques, quand on composait des chansons, et que notre but était d’avoir suffisamment de bonnes chansons pour faire un concert. J’aimais ce processus, ça me manque. On prenait des risques, et ça a payé.

Votre album préféré des Pixies ?
Frank Bl
ack : Je dirais Doolittle. C’était une époque spéciale pour le groupe. Dès le moment où on a fait les démos, je me souviens les avoir écoutées avec Joey dans son appartement, et on savait qu’on avait de très bonnes chansons en chantier, et que l’album serait bon et que ça allait marcher. C’était notre épiphanie et c’était bon à vivre.
Joey Santiago : J’adore Bossanova. J’aime mon jeu de guitare sur cet album, les chansons permettaient un travail plus mélodique à la guitare. Je venais d’acheter cette nouvelle guitare, une Gibson 345 demi-caisse, elle avait un son magnifique.

Imaginiez-vous, il y a 25 ans, que les Pixies seraient encore là 25 ans plus tard ?
Frank Black : non, parce que mon mon cerveau ne fonctionne pas comme ça. Je n’imagine pas. Tout ce que j’ai en tête, c’est baiser, ou ce que je vais manger à midi. Je suis très basique. Même l’écriture de chansons ne me demande pas d’imagination. C’est là, c’est ce que je fais, je n’ai pas besoin d’y réfléchir. Je note peut-être quelques idées, mais c’est dans l’action que les chansons naissent. Je ne me demande jamais sur quoi je vais écrire une chanson. Je prends ma guitare, et je m’y mets. (Il chantonne) Where is my mind? Where is my mind? D’où vient ce refrain ? Je n’en ai aucune idée. C’est ma façon de travailler. Certains artistes ont des visions très fortes, ils imaginent ce qu’ils veulent faire, puis s’y mettent. Moi, c’est autre chose, j’aime faire de la musique, je m’y mets, et on verra ce qui en sort. Je n’ai pas de phase préparatoire avec de la contemplation mentale. Quand j’ai entendu une chanson des Beatles, j’ai voulu être dans les Beatles, j’ai voulu faire une chanson, j’ai voulu être en studio, j’ai voulu faire un concert. Et comment faire tout ça ? « Hey Joey, tu veux qu’on monte un groupe ? On va jouer un peu. Puis trouver un batteur. Puis un concert ». C’est de l’art sans manifeste. Il y a une esthétique, mais pas de manifeste, en tout cas pas de manière consciente. Je suis dans le réel. Je sais que les surréalistes ont écrit un manifeste, mais je trouve que ce n’est pas un geste très surréaliste d’écrire un manifeste.
Joey Santiago : après la séparation, je savais que ça finirait par arriver, qu’on se reformerait. Tous les ans, des producteurs nous demandaient quand on faisait un concert de reformation. Il y avait une énorme demande. Et au final, il faut contenter les fans. Mais quand on s’y est remis, on a commencé par s’assurer qu’on était encore bons. Sinon on ne l’aurait pas fait.www.pixiesmusic.com

 

L’ex meilleur groupe du monde PIXIES est de retour pour des concerts, et avec des nouvelles chansons. Entretien de rentrée c'est ici !
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